Réinventer le déchet. Gens, gestes et lieux

Une exposition de photographies réalisée par Bénédicte Florin (textes) et Pascal Garret (photos et contenus multimédias associés), avec la complicité du photographe Daniel Bourry (développement et retouches des photos). 34 panneaux très grand format qui seront présentés pour la première fois à Paris sur les murs de la Caserne Napoléon, rue de Rivoli, du 2 décembre 2025 au 11 janvier 2026.

Cette exposition met en lumière des femmes et des hommes qui sauvent le déchet de la perte en lui redonnant de la valeur et en le réinsérant dans l’industrie du recyclage.

Dans le monde, plus de 15 millions de personnes vivent de la collecte, du tri et du recyclage des déchets, ce qui déleste les villes de nombreux détritus qui finiraient, sans ce travail, à la décharge ou à l’incinérateur.

En France et à l’étranger, nous sommes allés à la rencontre de ces travailleuses et travailleurs des déchets : parfois tolérés, mais souvent rejetés du fait de leur sale boulot, elles et ils revendiquent pourtant l’utilité sociale et écologique de leurs activités.

Cette exposition témoigne de leurs savoir-faire et ingéniosités. Elle plaide pour la reconnaissance de ces personnes perçues comme indésirables, alors qu’elles sont indispensables aux filières du recyclage.

Le déchet convoque notre passé, notre culture, nos modes de vie, de production et de consommation. Il nous concerne au quotidien, localement et mondialement. Il engage notre avenir et la planète : « Regarder nos déchets, c’est regarder notre monde ».

Ainsi, cette exposition désire ouvrir un espace de dialogue avec la société autour de la question des déchets de plus en plus présente dans les consciences, les discours et les actions. Elle invite à un voyage réflexif à la découverte de nos déchets mais, avant tout, des femmes et des hommes qui s’en occupent.

Plastic Bestiaire

  • Vue du Plastic Bestiaire lors du "Vol de nuit" du Festival International des Cerfs-Volants 2025 de Dieppe

Une performance artistique et scientifique dans l’espace urbain pour sensibiliser le grand public aux méfaits des déchets plastiques sur les animaux marins.

La présence de plastiques et autres déchets, dans les fleuves et rivières, puis mers et océans, est l’une des plus grandes menaces pour la conservation de la faune dans le monde. De nombreux animaux sont piégés par les déchets ou en ingèrent de grandes quantités qui finissent par causer leur mort. En retour, en consommant des produits de la mer, nous ingérons des nanoparticules de plastiques.

Nous proposons des sculptures monumentales en métal qui représentent six animaux marins dont le ventre est rempli de déchets plastiques. Ces grands animaux (environ 4 à 5 mètres de longueur et/ou de largeur) sont réalisés uniquement à partir de ferraille recyclée et sont suspendus en hauteur dans l’espace public, accompagnés de cartels expliquant pourquoi les déchets plastiques menacent la survie de leurs espèces. Ces animaux sont un cachalot, un albatros, un hippocampe, une tortue de mer, un poulpe et un sandre.

Il s’agit de mettre en lumière de façon explicite les liens directs entre les pollutions locales et leurs effets plus lointain.

Une première présentation des cinq animaux à eu lieu en juillet 2024 lors du festival « Terres du son » dans le Domaine de Candé à Monts (Indre et Loire). Une seconde, comprenant les six animaux, a été installée juste au dessus de la Loire à Tours, Place Anatole France, du 17 mars au 15 juin 2025. Une troisième s’est tenue à Dieppe du 13 au 21 septembre 2025 lors du Festival International des Cerfs-Volants, avec un nouvel animal, un « Crabe Gobie » qui a été installé au sol pour les enfants. L’installation de Dieppe a été réalisée en collaboration avec le cerf-voliste Michel Gressier pour la scénographie et la mise en lumière.

Ce projet est porté par l’association Sociétés Urbaines et Déchets (SUD) et le laboratoire CITERES (Université de Tours), dans le cadre du PEPR Recyclage SORRYL (France 2030). Il est accueilli en résidence par le POLAU et le POINT HAUT, avec le soutien de la Ville de Tours, de Tours Métropole, de Touraine Propre et de Tri Val de Loir(e).

La valse des ferrailleurs

« La valse des ferrailleurs » est un projet de film à mi chemin entre le documentaire et la fiction, d’une durée comprise entre 5 et 7 minutes, en son réel (pas de musique ni de montage sonore).

Suite aux expériences des tournages des films “Voyage au cœur de nos poubelles“ et, surtout, du “Ballet des rippeurs“, je souhaite approfondir mon travail sur la collecte, le tri et le recyclage des déchets en France du côté de “la ferraille ». Bénédicte Florin est experte scientifique et complice sur ce projet.

Constatant que le monde de “la ferraille“ reste très méconnu et stigmatisé par une réputation de “malhonnêteté“, je souhaite donner une autre image des sites des grossistes qui accueillent quotidiennement des milliers des tonnes de “ferraille“, les trient, parfois les recyclent eux-même ou les revendent à des entreprises qui le feront.

Ce monde qui se situe, entre autre, à l’interface entre le formel et l’informel (30 % des achats des grossistes se feraient auprès des “particuliers“) mais aussi à celle entre la “destruction“ et le recyclage méritent d’être mieux connu par le grand public qui n’en connait quasi rien, et plus particulièrement les “travailleurs des déchets“

Technique :

  • L’idée est de filmer depuis les engins, utilisant leurs propre points de vue et leurs mouvement. Nous comptons utiliser plusieurs caméras (8 à 12) en même temps, toutes fixées sur ces engins de chantier, sur les camions mais également sur des pieds placés en des endroits stratégiques ;
  • le système de fixation se fait principalement par des aimants très puissants ou des pieds ;
  • les caméras utilisées sont de type “GoPro“. Ces dernières étant protégées par un boitier, chaque caméra disposera d’un micro externe fixé lui aussi par un aimant ou un pied.

tout au long du film et de son montage, la prise de vue passera donc d’un caméra à l’autre, avec cette particularité que ces dernières sont quasi toutes fixées sur des supports mobiles (bras de pelle ou de grues, bennes de camions, bulldozer, etc.). Chaque prise de vue est donc elle même mobile. Dès changement de point de vue, il y aura un changement de prise de son.

Illustrations :

Barvalo. Métiers et savoir-faire romani en Europe et Méditerranée

Je participe avec Bénédicte Florin au conseil scientifique de au projet d’exposition qui se tiendra au MUCEM en 2023, sous la direction de Julia Ferloni, Conservateur du patrimoine et Responsable du pôle « Commerce, industrie, artisanat » de ce musée.

Pour cette exposition, nous avons réalisé des enquêtes-collectes en Turquie.

Une première mission a été effectué à Istanbul du 8 au 18 avril 2019.

Un second terrain s’est tenu du 25 octobre au 4 novembre 2021.

Voyage au coeur de nos poubelles. Qui s’occupe de nos déchets ?

Une enquête-collecte socio-photographique

Ce projet est accueilli en résidence au POLAU-pôle art-urbanisme, en collaboration avec la Direction Déchets et Propreté de Tours Métropole Val-de-Loire.

  

Le principe de cette enquête est de partir de nos poubelles pour suivre le parcours des différents types de rebuts qui y sont déposés par les habitants, en passant par le travail de collecte, le tri, et en retraçant les trajectoires de chaque catégorie de matériaux, qu’il s’agisse des papiers et cartons, des plastiques, des métaux ou toute autre matières qui pourrait avoir une seconde vie mais aussi de celles que nous enfouissons ou incinérons faute de savoir quoi en faire.

Saint-Cyr-sur-Loire (© Pascal Garret - janvier 2019)

L’étude de ce processus de gestion de nos déchets permet, avant tout, de s’intéresser aux différents acteurs qui y interviennent : ripeurs et chauffeurs qui collectent les déchets, personnels en charge du tri, responsables des sites d’enfouissement, d’incinération mais aussi les responsables de la gestion de ces déchets.

Par cette enquête-collecte socio-photographique au long cours – plus de deux années de travail photographique en toutes saisons sont prévues – nous souhaitons donc mettre en lumière les personnes et les métiers qui prennent en charge nos déchets pour les faire découvrir au grand public, mais également pour mettre en lien les acteurs et leurs activités aux différentes étapes de ce processus.

En suivant le trajet de nos déchets, depuis le moment où nous les jetons dans la poubelle jusqu’à leurs ultimes étapes de traitement, celles de leur recyclage, de leur enfouissement ou de leur incinération, nous souhaitons aller à la rencontre de tous les acteurs de ce processus pour tenter de comprendre et montrer comment fonctionne cette filière qui concerne tout le monde mais qui reste pourtant quasi invisible de tous.

L’objectif est donc de documenter par la photo et l’entretien qualitatif tous ces métiers et, surtout, les personnes qui les exercent, en s’inspirant notamment des travaux de photographie sociale de Jacob A. Riis (How the Other Half Lives), de Lewis Hine (Men at Work), de Jack London (The People of the Abyss) mais aussi de W. Eugene Smith (son travail réalisé dans les années 50 à Pittsburgh) ou, plus récemment, de Robert McLiam Wilson (Les dépossédés).

Muni d’un appareil photo et d’un enregistreur audio, le socio-photographe va donc reconstituer des “histoires de travail“ et réaliser des portraits de ces “travailleurs des déchets“, soit pendant leur travail, soit “posé“, s’ils le souhaitent. Sans nécessairement “héroïser l’ouvrier“ à l’instar de Hine, il s’agit toutefois d’éviter tout misérabilisme, tout catastrophisme, ou, à l’inverse, tout “esthétisme du déchet“ comme certains photographes peuvent l’avoir fait. Bien au contraire, ce projet souhaite expliciter la filière du traitement des déchets telle qu’elle est, avec ses qualités et ses défauts, mais surtout par le biais de son humanité.

Ce travail sera progressivement complété par une carte interactive sur laquelle les photos de personnes, et donc des métiers, seront localisés. Cette cartographie permettra de suivre indirectement toute la filière du traitement des déchets dans l’agglomération tourangelle.

Calendrier :

– janvier 2019 à décembre 2020 : enquête-collecte

– 11 au 14 février 2019 : première résidence artistique de préparation du projet au POLAU-pôle art-urbanisme

– 14 mars 2019 : Lancement du programme GÉNIES-GÉNIES dans le cadre duquel ce projet est accueilli

– 11 octobre 2019 : Portes ouvertes GÉNIES-GÉNIES. Après plusieurs mois d’échanges, de résidences et d’ateliers, les trois chantiers thématiques dont celui de la valorisation des déchets auquel je participe seront présentés une première fois au public.

– janvier à avril 2021 : réalisation de la restitution finale

– mai à juillet 2021 : restitution finale dans le cadre de l’exposition Vies d’ordures. De la gestion des déchets en Région Centre qui sera présentée dans la serre et dans les espaces extérieurs du jardin botanique de Tours.