Faire la ferraille en banlieue parisienne…

  • © Pascal Garret - Aubervilliers - juin 2016

Ce terrain photographique a été effectué de 2015 à 2019 avec Bénédicte Florin en banlieue nord et est de Paris sur les récupérateurs de ferrailles dans le cadre du programme de recherche MARG-IN portant sur les migrants roms dans les villes d’Europe occidentale, laboratoire CITERES (CNRS/Université François-Rabelais), financé par l’Agence Nationale de Recherche (ANR).

Extrait du rapport final de ce terrain de recherche :

Activité plus ou moins informelle (selon les situations), récupérer et revendre des métaux s’inscrit, a priori, dans une économie de la pauvreté, voire de la subsistance, qui doit toutefois être nuancée. D’une part, parce que « faire la ferraille » se distingue de la collecte dans les poubelles et de la biffe et que ceux qui la pratiquent ne sont pas nécessairement les plus démunis. D’autre part, parce qu’il s’agit d’un travail qui implique des outils, des moyens de transport et des circulations spécifiques et, donc, un certain investissement financier et un capital relationnel. Enfin, parce que les activités liées à la ferraille imbriquent étroitement des pratiques informelles au secteur formel, lui-même lié au marché mondial des matières premières secondaires. Pour en donner une idée, il suffit de savoir que les apports « spontanés » de ces particuliers représentent de 15 à 30% de l’approvisionnement des ferrailleurs formels, notamment en métaux non ferreux à haute valeur ajoutée (cuivre, laiton, zinc, étain, etc.), mais jusqu’à 50% de leur chiffre d’affaire. En bref, l’économie de la ferraille est pour certains fort rémunératrice et inscrite dans des filières mondialisées, mais ses acteurs sont loin d’être tous « logés à la même enseigne ».